Un paquet de courses à la main, Yann suivait discrètement sa nouvelle victime. Loan Loksar, dix neuf ans, orphelin. Rebelle ou fidèle, c'était pour répondre à cette question qu'elle le suivait depuis trois jours. En tous cas, il était sacrément adroit. D'après les commerçants, c'était un bon voleur. Pour l'unité spéciale, ce n'en serait que plus jouissif. Si leurs proie arrivait à leurs échapper, tel une biche face aux chasseurs, ils n'en seraient que plus excités. De vrais monstres, que l'odeur du sang avait fini par rendre fous. Elle ne trouvait pas ça spécialement triste, après tous, son travail consistait à tenir leurs instincts éveillés. À leurs donner suffisamment de victimes pour qu'ils en soient comme dépendants...
Goûtant un échantillon de fromage, elle en fit l'éloge au vendeur. Utilisant pour cela sa voix d'homme, elle en acheta un peu. C'était bon de se savoir vivant. Rien que de goutter ce met succulent, c'était déjà le pied. Les gens ne savaient vraiment pas apprécier les petites choses de la vie. Et dire que certains mouraient sans jamais avoir pu toucher à ce fromage. C'était inadmissible.
Passant à l'étal de pommes, elle en acheta également. Des pommes rouges sucrées, rien de tel pour manger avec son fromage. Que lui manquait t' il ? Du pain, et du saucisson. Les stands n'étaient pas si loin, et sa proie non plus. Mais voilà que déjà, des soldats de l'unité spéciale arrivait. Parmi eux était un homme qui ne venait que pour les informations. Celui la payait en temps et en heure, elle pouvait à peu près lui faire confiance. Il s’arrêta à son niveau et goutta une pomme, au nez et à la barbe du commerçant. Abruti, ces types se croyaient vraiment tous permit.
- Alors Yann, qu'es que tu fait ici ? C'est étrange de se croiser, tu ne trouve pas ?
Message reçu. Il voulait des informations. S'approchant de lui, elle fit mine de prendre une pomme, tous en lui glissant un papier dans la poche. Le montant, comme d'habitude. Celui la, elle n'allait pas lui donner la charrue avant les bœufs. Yann ne lui faisait qu'à moitié confiance, et à moitié, ce n'était déjà pas assez.
- Oups, excusez moi … on se connaît ?
Le regardant étrangement, elle s'éloigna prudemment. Puis un bruit lui fit tourner la tête, comme un fracas lourd et sourd. Tous les soldats de l'unité spéciale l'entendant se précipitèrent vers un point. Que ce passait t' il la bas ? Elle décida de suivre le pas. S' imissant dans une troupe de passant, elle chercha à regarder ce qui pouvait bien se passer.