Cette journée-ci, c'était de la pure merde qui était au programme. Du blablabla pendant un repas qui allait durer des heures et des heures! Dawson n'en avait rien à faire, de ces importantes compagnies qui faisaient fonctionner l'économie. Lui, tout ce qui l'intéressait, c'était d'être en sécurité et de ne plus s'occuper du tout de sa ville.

Qui disait visite de compagnies disait également invités qui représentaient chacune de ces imposantes industries qui visaient à vendre leur produits dans le commerce. Qui disait invités disait risques. La paranoïa de Dawson n'allait pas l'aider dans cette rencontre, il allait se mettre à paniquer à chaque fois qu'une prsonne parlerait. Il avait donc ordonné à ce qu'on lui emmène un garde. Bien évidemment, il avait demandé quelqu'un d'assidu et de sérieux dans son travail, mais il se ramassait à quatre-vingt-dix pourcent du temps avec des incompétents qui se fichaient de la sécurité du roi... Avec un peu de chance, cette fois-ci ça allait être différent.

Et donc, lorsque ce fut l'heure du midi, on dit au roi que le soldat qui était en charge de surveiller était arrivée, mais pas les invités. Ne sachant plus trop quoi faire, il se dit que ce pouvait être amusant, d'aller à la rencontre de ce mystérieux inconnu.
À peine bien peigné et habillé peu soigneusement, il se rendit à la terrasse du jardin, là où le repas entre les grands de Wonderland allait avoir lieu.

Cherchant un peu de regard la garde, il vit celui qui était en charge. Ou plutôt celle. Une femme aux yeux bleus et aux cheveux blancs. Quoi, c'était réellement une femme qui allait s'occuper de s'assurer que rien de suspect se tramait parmi les invités qui allaient arriver? Franchement, Dawson se dit simplement que c'était un incompétent en plus à ajouter au quatre-vingt-dix pourcent. Une femme ne pouvait point être suffisamment forte pour faire partie de l'armée.

Il garda ces commentaires sexistes pour lui, malgré tout.
—Eh. J'imagine que c'toi la garde?

Autant dans sa façon de s'habiller, de parler ou d'être coiffé, il n'avait l'air en aucun aspect d'un roi. Comme pour bien d'autres, cela devait probablement surprendre la demoiselle en habit militaire.

"Chasse" et "tigre". Par simple instinct, le blond regarda rapidement autour de lui, à la recherche d'un tel félin qui rôdait possiblement dans les parages. Ce ne fut qu'une seconde plus tard qu'il se rendit compte que ce n'était qu'un simple sarcasme, commentaire dérisoire qui lui donnait automatiquement la réponse à sa question certes un peu idiote. Il se sentit débile, mais cela ne dura qu'à peine quelques courts instants...

La femme s'excusa ensuite. Heureusement, parce que Monsieur le Roi se sentait déjà vexé. Le seul inconvénient dans tout cela, c'était que ces simples excuses ne suffisaient pas... Les pauvres, avec elle au poste de garde et lui à surveiller, soit ils allaient se taper dessus, soit se quereller comme des gamins.

—Tss. Ça te plait bien d'embêter les gens?

Eh bien non, probablement! N'importe qui n'aurait su résister à la tentation de jouer avec la naïveté du monarque. Ce n'était pas pour faire joli que celui-ci possédait un ou deux conseillers, lors des négociations et discussions importantes. Même si au final, Dawson savait aussi bien arnaquer que se faire arnaquer...

Pendant un court instant, le roi murmura dans sa manche quelque chose pour lui-même, comme accompagné également d'un petit rire moqueur. Avec un peu de chance, la concernée de ses propos n'allaient pas entendre ces murmures...
—Quelle idée d'accepter une femme dans l'armée... Surtout celle-ci.

Il y eut un petit silence. Par simple tic, l'homme mit sa main dans ses cheveux pour défaire un ou deux noeuds dans sa chevelure en désorde, mais pourtant assez courte. Ce dernier ne savait plus vraiment quoi dire et il n'aimait pas ce silence qui flottait dans l'air. C'était gênant.

Le jeune homme s’y risqua donc.
—C’est quoi ton nom?

Se faire demander son nom ainsi le surprenait pas rien qu'un peu. N'était-il pas "Le grand, méchant et terriblement tyrannique Dawson Shiro Asaki qui mènera Wonderland à sa perte!", après tout? Tout le monde connaissait le nom de ce supposé monstre cruel et sanguinaire, prénoms et noms y compris! Soit la demoiselle aux cheveux de couleur très pâle était restée dans une grotte sans y sortir pendant les cinq dernières années, soit celle-ci s'amusait encore à tenter de se moquer de lui.

Monsieur le roi le prit comme si c'était la deuxième option, d'ailleurs. Emma s'était foutue de sa gueule il y avait peu, l'envie de recommencer était peut-être revenue. Si c'était réellement le cas, peut-être une baffe allait lui remettre les idées en place.

Sauf que le monarque n'allait pas user de cette manière pour se faire respecter de cette femme immédiatement. Il s'était simplement dit d'attendre récidive de sa part...

Sinon, le blond n'avait pas remarqué le tutoiement. De toute manière, ce dernier aimait certes être respecté, mais ce qu'il détestait par-dessus tout, c'était bien le vouvoiement. Ça sonnait si détaché, tant qu'Asaki n'arrivait pas à le supporter trop longtemps.

Dawson la regarda droit dans les yeux.

—Franchement, tu te fous de ma gueule là, pas vrai?

Il lâcha un petit soupir. Malgré tout, ce dernier allait lui dire son nom. Et ce, même si son interlocutrice n'allait sans doute point s'en souvenir une fois qu'une semaine se serait écoulée.

—Dawson Shiro Asaki. Enchanté. Ou pas, haha... murmura-t-il faiblement. 'Fin bref. C'est bien de vivre dans une grotte? Ou alors tu veux juste te moquer de moi?

Eh voilà, sans doute leur discussion venait tout juste de se clôturer. De toute manière, que pouvait-il bien dire à un soldat? Les invités étaient censés être arrivés à cette heure-ci, ils étaient en retard et monsieur ne voulait surtout pas s'ennuyer!

[Désolée si mon post te décourage, trop d'inspiration...]

Emma déblatéra qu'elle était du quartier pauvre, que Dawson n'était qu'un égoïste et blablabla. Il n'osa même pas répondre. Et après, qu'aurait-il pu bien répondre? De toute manière, c'était un peu vrai. Depuis les rébellions, le monarque ne faisait plus rien pour sa ville et ne sortait plus des murs de son château. Après tout, qui aurait bien voulu diriger une cité-état dont tous les habitants vous déteste? Personne. Sans oublier que le pauvre jeune homme était terrifié à l'idée que des gens veuillent sa mort. Mademoiselle vivait dans les quartiers défavorisés, elle avait connu la misère, mais cette dernière n'avait jamais au grand jamais connu une terreur telle que de savoir une centaine, voir peut-être même milliers de personnes voulant la mort de soi. Et malgré tout, Dawson se gardait de ne pas la juger. Même avec ce regard noir qu'elle lui envoyait. Les répliques, ce n'était pas du tout son fort. Mais il ne pouvait pas frapper une personne du sexe faible, si? C'était bien trop cruel! Le monarque allait en découdre et la faire giser au sol dans une marre de sang s'il osait s'attaquer à elle, la pauvre.

Ensuite, elle remit encore une autre couche de "terrible" drame sur le tapis, exactement comme il le détestait. Blablabla, tuer des gens innocents. Blablabla, Dawson mauvais roi! Il l'avait assez entendu de fois, il avait compris que c'était mal. Maintenant, ça suffisait, le monarque avait compris à quel point ce dernier était un terrible tyran, prêt à tout pour la souffrance des autres! Mais tout de même, de la façon dont la soldate l'eut dit, cela choqua le roi. Encore une fois, le blond ne su que lui offrir silence comme riposte.

Et puis Emma rajouta quelques secondes plus tard que là, à ce moment-là, elle se moquait de lui. Dawson fut frustré de ne pas savoir quoi répondre à cela, une fois de plus...

Un autre long silence se pointa, la femme semblait bien penseuse. Dawson se permit plutôt de regarder ailleurs, vers les fleurs du jardin, comme pour se calmer et penser à autre chose.

Celle qui l'avait attaqué avec des mots lui posa une question par la suite. Une question à propos d'un certain général Asaki. Dawson n'en savait absolument rien, n'ayant jamais parlé ou même vu celui qui dirigeait l'Unité Spéciale. Cela signifiait donc qu'il ne savait pas du tout qu'il avait exactement le même blond des cheveux que ce haut-gradé pour les siens, encore moins qu'il avait le même bleu que l'oeil gauche pour ses yeux. Et alors? Cela ne voulait absolument rien dire, si? Quoi qu'il puisse en être, nous allons préférer l'ignorance à la vérité, quant à ces ressemblances quelques peu troublantes. Ces genres de secrets, ils étaient faits pour rester enfouis, connus des faiseurs uniquement.

—Jamais vu, jamais parlé non plus.

Les invités se pointèrent finalement. D'un geste magistralement, ironiquement, moqueur, Emma se courba devant l'homme le plus important de Wonderland. Celui-ci serra les poings et les dents. Le ton qu'elle avait employé pour s'adresser à lui était un manque de respect total, l'humiliant ainsi devant les trois nouveaux venus. Ceux-ci ne répondirent pas, mais sûrement qu'ils se moquaient bien du ridiculisé, dans leurs têtes.

Passant par-dessus cet affront, ils s'assirent à leurs places, Sa Majesté au bout de la table, fidèles aux traditions. Ils commencèrent ensuite à discuter. Comme Emma devait s'ennuyer! Haha. Elle le méritait après tout, c'était le karma qui venait tout juste de lui retomber dessus, à cette pauvre conne qui s'était amusée à rire de sa gueule.

Le début du repas se passa bien, Dawson ne s'était toujours pas mis les pieds dans les plats, ce qui était une très bonne chose. Les invités et lui ne se battaient toujours pas griffes et bec, le monarque étant plutôt malcommode : en gros, tout allait comme sur des roulettes.

Mais pile au milieu de la rencontre, l'inévitable se produisit. Le monarque dit une bêtise. Une bêtise si énorme que le plus susceptible des trois jeunes hommes se leva brusquement de table et pointa un revolver vers le blond. La panique s'empara très rapidement du visé, il se paralysa. Il n'osa plus bouger un seul de ses muscles. Si seulement il n'avait pas parlé de ce sujet plutôt sensible et s'était mieux exprimé, le trouillard ne se serait pas retrouvé dans une telle situation, et tout le monde serait bien content!

Les deux autres invités tentèrent de calmer ensuite celui qui s'était énervé. Voilà pourquoi il fallait un garde dans les parages, lorsque Dawson était en réunion avec quelques chefs d'entreprise qui faisaient rouler l'économie! Mais bon, vu la soldate qu'on lui avait envoyé... Peu de chance qu'il soit protégé.

Haha, le gros bordel qu'il avait causé! Entre quelques tirs, le monarque avait eu le temps de penser inconsciemment que ça l'aurait bien fait marré, si ce dernier n'avait pas été dans le feu de l'action, mais bien spectateur... Et ce, même s'il avait la frousse de sa vie.

Mais heureusement qu'Emma était là. C'était la deuxième femme soldate qui avait su gagné l'estime de monsieur-je-suis-un-gros-connard-sexiste-qui-croit-que-les-femmes-sont-des-incapables! Même qu'elle avait su attirer une certaine admiration venant du roi... Surtout pour le coup du "je te pousse pour éviter que tu te prennes une balle en pleine tête". Dawson avait suivi les indications de la demoiselle et n'avait pas bougé d'un poil, si l'on oubliait bien évidemment les tremblements incessants qui avaient secoué le corps toute la durée du gros chaos qu'il avait causé.

Pour tout dire, il n'avait pas du tout cherché à voir ce qui s'était passé après. Son -piètre- instinct lui avait dicté de ne plus bouger, ne pas regarder non plus. En gros, laisser ce côté poltron de lui-même prendre le dessus!

Tout ce que Dawson avait vu, c'était qu'au milieu du capharnaüm, quelques domestiques attirés par les coups de feu étaient entrés, puis immédiatement ressortis à la recherche de gardes royaux qui allaient venir donner un coup de main pour régler la situation et rassurer Sa Majesté Le Trouillard.

Les soldats du château arrivèrent finalement. Certains s'occupèrent du roi, d'autres des hommes qui allaient sans doute se faire traîner au tribunal et finir en prison, voire condamnés à mort par pendaison pour haute trahison. Selon l'humeur du roi, pour faire bref, même si c'était de sa faute. Oui, parce que le blond avait droit de vie et de mort sur n'importe qui, dans cette ville de merde! Donc valait mieux ne pas trop l'emmerder.

Celle qui l'avait protégé lui demanda si tout allait bien, avec un sourire aux lèvres. Était-ce un sourire rassurant ou un rictus moqueur? Sa peur affectant encore ses sens, il ne savait pas quoi en penser donc le monarque l'analysa comme ce qui lui semblait le plus plausible venant de cette femme, d'après les échanges qu'ils avaient eus depuis le début : c'était un sourire amer, empli de mépris et de moqueries. Même si celle-ci lui avait quand même épargné la mort...

Il ne répondit même pas à sa question. Dawson la laissa partir. Enfin, tout ça était terminé... Sa langue bien pendue, Shiro Asaki allait devoir apprendre à bien la tenir.