Vide.

Feat

Akemi

Emma

   

Il était environ minuit. L'alcool lui brûlait la gorge, ses pensées étaient un peu trop embrouillées. Encore. Dans cet état, le général ne pouvait pas continuer de remplir ses documents. Ce dernier était saoul et il le savait pertinemment : il avait pris peut-être un ou deux verres de vin en trop. Comme à chaque soir, sa consommation avait dépassé un peu ses limites, il allait devoir prendre le temps de curer un peu, prendre l'air, avant de se remettre à la tâche. La seule impression qui me venait à la vue de ce type qui se croyait obliger de boire comme un alcoolique pour combler un vide qui le tenait en tout temps, ce n'était qu'un petit «Ts, tu te crois supérieur, mais tu es aussi pathétique que les autres...». Au final, moi, le méchant et stupide narrateur de cette histoire, je n'allais absolument rien faire pour l'aider à remonter la côte.

Akemi décida de sortir pour prendre l'air un peu. La nuit était belle, les étoiles scintillaient toutes dans une magnifique lueur bleutée, mais ce connard s'en foutait. Lorsqu'il était dans ces états, il en avait marre, marre de tout. Et vous savez quoi? Si simplement il était plus gentil, plus aimable, probablement que quelqu'un serait là, à ses côtés, pour lui dire que tout allait bien aller! Cet enculé qui ne comprenait même pas d'où provenait ce gouffre qui était ancré même en lui-même, et qui ne le comprendrait probablement jamais...

Le dos contre le mur d'un bâtiment, il fumait. Il aurait bien voulu sortir, draguer quelques femmes pour baiser, mais non. La nuit était déjà bien avancée, le général n'avait pas envie de sortir aussi tard. Pauvre con, il pensait que coucher avec n'importe qui allait faire disparaître en moins de deux cette absence... En bref, tout ce qu'il fit pour combler ce manque, c'était de serrer les dents en se traitant de tous les noms possibles dans sa tête. Comme quoi l'alcool pouvait bel et bien changer la personnalité dans son cas, voire même le rammener un peu sur terre.
Il grilla jusqu'à trois cigarettes. Le bâtard en avait assez. Le tabac n'était pas suffisamment, il avait eu envie de retourner à sa dépendance habituelle, soit l'alcool. Un bon verre de rhum ou de vodka n'allait pas lui faire du bien pourtant, si? L'homme jeta sa quatrième cigarette à moitié fumée et l'éteignit du pied. Un murmure rageur se fit entendre parmi les pleurs des cigales

—Tain j'en ai marre!

Marre de quoi, le savait-il au moins, cet avorton de mes deux? Il faisait pitié à voir, il aurait eu honte de lui-même, s'il avait pu se voir ainsi...

Il aperçut ensuite une femme. Cheveux blancs, yeux bleus. C'était cette chienne. Cette salope insoumise était là et l'avait peut-être vu dans un tel état, mais Akemi ne fit comme si de rien n'était et lui lança simplement un regard indifférent. Sa présence ici n'était pas désirée, mais il n'allait pas lui faire comprendre si directement.

—Quoi? Tu m'veux quoi, connasse?

L'autre lui demanda une cigarette. Elle ne reçut rien en guise de réponse, sauf peut-être un sanglot. Mais juste après ce petit sanglotement, Akemi donna un grand coup de poing dans le mur. Son incompréhension vis-à-vis "ça" et l'honneur (du moins, le peu qui lui restait!) l'avaient poussé à faire ça. Ou peut-être était-ce simplement qu'il voulait paraître aussi violent que d'habitude. Monsieur était si peu discret qu'Emma se doutait déjà qu'il était différent, à ce moment-là. Cependant, elle ne se doutait probablement pas que c'était parce qu'un monstre se déchaînait en lui. Ce démon, entre ses entrailles, dévorait tout ce qui jusque là avait permis de se tenir encore debout. Si la sous-merde qui était devant lui aurait compris ne serait-ce qu'une bribes de sa psychologie, de sa manière de pensée et de faire, elle ne serait pas là à lui demander ce qui se passe, mais bien à le baffer bien fort pour le tirer de ce pseudo-désespoir dans lequel l'alcool semblait l'avoir plongé. Comme quoi il était prit dans un véritable cercle vicieux : le vide qu'il ressentait toujours le poussait à boire le soir et à aller draguer tout ce qui bougeait pour pouvoir baiser, ce qui intensifiait encore le manque... puis le cycle recommençait.

Mais heureusement, le coup qu'il avait porté au mur lui avait apporté un certain soulagement, pendant un court moment. Ce bref instant lui avait permis de transposer la douleur qu'il ressentait entre ses côtes à son poing... Le martyr subit ne tarda pas à remonter à sa poitrine, malgré tout. Il avait mis toutes ses forces dans l'élan, tant qu'il saignait abondamment de la main. L'homme blond en tremblait de tout son corps... À ce moment-là, tout ce qu'il voulait, c'était ravoir son petit disciple juste à côté de lui pour pouvoir le voir sourire. Probablement que cela l'aurait réconforté.

Le plus con des deux lâcha un soupir pour se calmer un peu plus. Maintenant, il n'osait plus regarder Emma dans les yeux, complètement humilié. Il sortit le paquet de cigarettes de sa poche et le lui donna en entier. Il s'en fichait complètement du fait qu'il était presque neuf, de toute façon l'alcool était bien mieux, à ses yeux. Le tabac n'égalait pas l'ivresse, après tout. Cette ivresse qui le faisait tomber durement contre la réalité, le détruisant chaque fois peu à peu, mais qui pourtant l'aidait à sceller le vide pendant un court moment.

—Garde tout. Et je vais très bien, d'ailleurs.

Avec un peu de chance, la femme allait comprendre qu'elle était l'équivalent d'une vermine ici et elle allait s'en aller, sans même essayer de comprendre ce qui se passait entre les deux oreilles du blond. Il n'y avait rien à comprendre, la vérité dans tout cela c'était qu'Akemi était qu'un idiot. Un bel enfoiré qui n'allait jamais réussir à se sortir de cette merde seul.

La femme se mit à faire tout pour mettre Akemi hors de lui. Normalement, cela aurait sans aucun doute fonctionné s'il était dans son état normal, mais tout ce qu'il fit pour l'instant, c'est d'incliner sa tête vers le sol, les mains contre le visage, le dos adossé contre le mur.

Les propos de cette connasse ne l'atteignait pas. Même avec autant d'alcool dans le corps, son estime de soi était gigantesquement énorme. Il était bien vrai qu'elle avait raison, que c'était un salaud et un lâche, mais les raisons de son alcoolisme n'étaient pas celles-là. Pour Akemi, il était le plus fort, le plus grand, le plus important et surtout le plus beau. Ça, personne n'allait être capable de le lui enlever.

C'est simplement le mot "pitié" qui le fit réagir. «Faire pitié, moi? Si je savais d'où venait la source même de ce grand vide, ce serait déjà réglé!» se dit-il dans sa tête, s'efforçant de ne pas lui crier. S'il dévoilait cela, c'en était fini. Cette pauvre conne allait probablement s'en servir pour le rabaisser encore plus qu'elle ne le faisait déjà, si elle connaissait cette information. Ce n'était pas de sa faute, si Akemi était complètement inconscient, aveugle et débile!

Et donc, en guise de réponse, après quelques secondes, le général eut un petit rire. Ce dernier n'était ni moqueur, ni amusé. Simplement un petit rire, peut-être sarcastique ou encore ironique. L'alcool ne l'aidait en rien, cette soirée-là. Il faisait encore plus n'importe quoi.

—Eh, sale chienne... Tiens toi bien, sinon.. qui sait ce que je pourrais te faire, hein?

Ah ça oui, ses réactions étaient encore plus imprévisibles lorsqu'il était complètement ivre. Le plus intéressant restait probablement à voir...

Cette fois-ci encore, les paroles n'eurent pas d'impact. Il retira une main de son visage alors que l'autre, il la remonta vers ses cheveux pour pouvoir dégager toutes les mèches de cheveux qu'il avait en tout temps devant les yeux. Son expression n'était ni triste, ni coléreuse. Les mots exacts étaient introuvables pour qualifier l'émotion qu'il affichait, mais probablement que les mots "ironique", "découragé", "dégoûté", "moqueur" et "vide" étaient ceux qui se rapprochaient le plus. Il la regarda bien dans les yeux. Ce regard semblait vouloir dire «Je te demande d'arrêter, rien que pour cette fois-ci».

Il replaça ensuite ses cheveux avant de pousser un dernier soupir et de se détendre encore un peu. Le haut-gradé avait l'impression de devoir frapper de nouveau dans le mur, pour pouvoir se sentir encore un peu mieux, mais il ne le fit pas. L'idiot ne le fit pas non pas parce qu'il se disait que l'auto-mutilation n'était pas une bonne idée, mais simplement parce que quand il l'avait fait, Emma avait su lui dire des commentaires désobligeants à son égard. Ce n'était pas une querelle et une bagarre dont il avait besoin. Saoul comme il était, Akemi allait se faire démolir plus qu'il ne l'était déjà, après tout.

Quelques secondes s'écoulèrent en plus. Pour remplir le vide de parole, c'était les criquets et cigales qui s'en occupait. Mais pour remplir ce vide en lui, qui s'en occupait?

L'absence s'intensifia de nouveau, parlant de vide justement. Il avait besoin de quelque chose, un sentiment agréable. N'importe quoi. Quelle qu'en soit la source. Il n'hésita pas non plus cette fois-ci à agir. Il fut affreusement brusque.

Saisissant les poignets d'Emma durement d'une seule main, saisissant son menton fortement de l'autre, il la plaqua du plus fort qu'il le put contre le mur pour l'immobiliser dans le but de l'obliger à se laisser embrasser. Il se foutait que cette pute se débatte ou non, dans sa tête, le supérieur était son général et avait donc tous les droits sur elle. Peu importe si cela allait la dégoûter ou non, ça lui passait cents pieds au-dessus de la tête.

Lorsqu'il eut terminé, il ne fit que la lâcher en lui assénant un bon coup dans le ventre, bien placé. La seule chose qui sortit de sa bouche fut des insultes, fidèle à ses habitudes.

—Salope.

Il n'avait fait qu'à sa tête, n'agissant que pour combler le gouffre. Pourtant, cela n'arrangea en rien les choses... Comme à chaque fois, si? Sans oublier que normalement, il n'aurait jamais osé faire cela à qui que ce soit. Non, si il aurait été dans un état normal, il se serait contenté de dire à Emma un truc comme «T'as plus de couilles que moi? Et si tu me laissais regarder entre tes cuisses, hm?».

On voyait bien que pour Akemi, détruire plutôt que reconstruire était bien plus facile. Détruire plutôt que de tenter d'essayer quelque chose! Ah ça oui. En plus de ce vilain défaut, Monsieur semblait bien aimer pisser contre le vent, question que ça lui revienne entre les dents. Parce que l'expression «Cracher en l'air pour que ça retombe sur le nez» n'était sans aucun doute pas assez vulgaire pour quelqu'un de sa race d'enculé! Pauvre con, il maudissait les ténèbres qui l'animait, une fois de nouveau seul, mais n'avait pourtant jamais tenté d'allumer la moindre chandelle.

Emma était allongée contre le sol. Soumise lui allait bien, comme adjectif. Le vide n'était plus aussi intense, mais comblé par quelque chose de pas très agréable. Regrets, peut-être même honte, qui sait? La rebelle de l'unité était au tapis, ne bougeant plus, quasi effrayée par la personne horrible que pouvait être son général. Ce côté encore plus abject de lui-même se démarquait un peu plus de lui-même. Mais jamais, jamais au grand jamais, il n'avait osé violer l'intimité d'une femme ainsi, sans en avoir la permission. Le Asaki aimait bien draguer et baiser, mais pour lui, il n'y avait pire infamie que de forcer le sexe faible à quelque chose dont elle n'avait pas envie. C'était pile à ce moment-là que le haut-gradé se rendit compte de son erreur. Rien dans son attitude ne le laissa paraître, cependant. Il se sentait affreusement mal, mais n'allait pas pour autant jeter le peu de fierté qu'il semblait lui rester en demandant pardon à son fantassin.

Sans oublier que son jouet semblait un peu brisé. Madame ne se relevait pas pour pouvoir au moins essayer d’avoir un peu le dessus sur celui qui l’avait envoyée par terre. La gravité des actes du pauvre connard s’exposait peu à peu devant les yeux de ce dernier. En le réalisant, Akemi semblait un peu plus paniqué. Tout ce qu’il espérait, c’était que cette duconne se relève d’un bond pour lui foutre au moins une bonne baffe pour lui faire comprendre qu’il n’était pas en droit de lui faire ça. Un homme qui forçait une femme à se laisser rouler une pelle? Cela tirait bel et bien de l’agression sexuelle! «Comment un connard comme toi peut rester impuni à un tel acte?! Tu devrais aller en prison!» C’était un commentaire dans le genre venant, qu’il attendait. Mais contre toute attentes, c'était entre ses deux oreilles que de tels mots résonnaient à son propre égard.

—Fais pas ta faible, vas-y! Frappe-moi, reste pas au sol sans rien dire! Tu disais que t’avais plus de couilles que moi, eh? Prouve-le, j’attends que ça! Mets-moi au tapis, j’suis complètement ivre, ça devrait pas être difficile…
 Tu veux que j'aie pitié de toi, c'est ça?!

Le calme du général était désormais complètement perturbé… On aurait même pu croire qu’il en tremblait. Même qu’en réalité, c’était vraiment le cas. Rares étaient les situations où ce dur à cuir était vulnérable. Dans son cas, c’était tout ou rien : soit il restait froid et dur comme de la pierre, indifférent, soit il se sentait s’écrouler en moins d’une seconde. Heureusement qu’à chaque fois qu’il s’était effondré, Akemi avait su se reconstruire peu à peu, toujours avec un peu plus de facilité…

Le blondinet baissa la tête vers le pavé éclairci par la lumière bleue des astres qui observaient avec amusement la scène qui se déroulaient sous leurs yeux. Faisant de son mieux pour que les mèches de sa coiffure viennent cacher son regard confus, différent, il attendait avec espoir le coup réclamé. Son attitude était bien loin du masochisme, ce que celui-ci voulait vraiment, c’était simplement un signe qu’il n’avait pas réellement fait mal à Emma. Cette soldate était bien plus solide que cela, si…?

Le blond ne reprit pas la parole immédiatement. Une pause lui fut nécessaire. Sa voix présentait toujours l’agressivité, mais encore plus la confusion que la dernière fois où il avait prit la parole.
—T’es pas aussi faible que tous ces autres crétins, tu t’écrases pas au ras du sol dès que j’élève le ton, alors… Debout, frappe-moi du plus fort que tu le peux! Tu vaux certainement mieux que ça!

Cherchant toujours à prouver que ses mots et ses gestes n’avaient pas dépassés les bornes, il savait fort bien que cela allait être sans résultats. Eh voilà. La Hokori, celle qui avait ce caractère qui se démarquait en bien des choses, allait le fuir et n’allait point vouloir lui reparler à nouveau, encore moins le provoquer et lui faire péter un câble, probablement. Tout allait se déterminer selon la réaction qu’elle allait avoir.

Était-ce simplement qu'il avait posé un intérêt à son caractère alors qu'au final, cela n'en valait pas réellement la peine? Emma était plus faible que prévu, finalement.

Emma se releva pour plutôt s’asseoir, comme prise d’un élan de courage. En l’entendant bouger un peu, Akemi releva un peu la tête pour plutôt pouvoir la regarder. La voyant un peu plus sûre d’elle, le général fut aussitôt rassuré. Cette connasse ne semblait plus autant affectée par les actes horribles de son supérieur. Avec un peu de chance, rien n’allait changer, entre ces deux-là. Frapper et insulter pour simplement surpasser l’autre. La belle affaire!

L’imbécile se leva du sol ensuite, non sans mal. Le haut-placé la regardait toujours, sans réagir. Les regrets et la confusion avaient été finalement chassés de son esprit, mais laissaient de nouveau une absence de couleur. Remplir le blanc par le gris et le noir n’était pas suffisant, mais c’était mieux que rien du tout, probablement. Au moins, le blondinet pouvait bien se dire qu’il n’avait rien fait de si mal que ça et que son jouet était en pleine forme. Son regard avait repris l’expression de quand il s’était rendu ici. Son état était finalement redevenu normal, du moins pour quand il était dans une phase d’ivresse.

Une fois complètement debout et bien stable sur ses jambes, Emma se rapprocha dangereusement de lui, avant d'asséner un bon coup à la tempe de l'autre. Renversé par terre, ce dernier ne lâcha pas un seul gémissement pouvant trahir l'indifférence aux coups de la demoiselle qu'il voulait bien se donner. Malgré tout, une grimace de douleur suspendue à son visage gâchait tous ses efforts à faire de son mieux pour paraître le plus solide possible. Finalement, il regretta bien vite de l'avoir provoquée...

Peu de temps après, il se rendit compte qu'il aurait tôt fait de se lever pour ne pas la laisser l'humilier encore plus. La proximité entre elle et lui se fit immédiatement sentir, ressentiment plutôt désagréable. Dans d'autres circonstances, il aimait bien sentir quelqu'un près de lui. Même qu'il adorait cela, que ce soit pour baiser ou non... Mais là, c'était tout le contraire. Ça le répugnait presque. Cependant, il ne tenta même pas de repousser la femme. Le général ne resta qu'allongé, attendant la suite, ce qu'Emma allait faire. Sa force de tout à l'heure semblait déjà l'avoir abandonné.

Des chuchotements furent déposés au creux de son oreille. Cela ne fit qu'amplifier le sentiment inconfortable que le dudit chien ressentait. Sans oublier que ces mots chuchotés n'étaient vrais en aucun cas. Akemi n'était pas le chien entre les deux, ça, même moi je pouvais l'affirmer.

Cependant, saoul comme il l'était, ce dernier n'arriva pas à se dégager. Akemi ne savait pas non plus quoi lui répondre, si ce n'était que de vulgaires «non c'est faux!» qui n'auraient rien changé à la mise, ni à la façon de penser d'Emma. Les arguments massue, ils les avaient que lorsqu'il était sobre... ce qui n'était pas le cas pour ce moment-ci!

—...Ta gueule. Va-t-en. Pars et laisse-moi tranquille, reviens me parler... demain. Je... je veux simplement retourner à ma chambre... On règlera ça demain..

Akemi n'en fut que surpris. Sa rivale était là, devant lui, à lui tendre la main. La situation était quelque peu cocasse, étant donné que cette scène s'était déjà produite. La seule différence était que cette fois-ci, les rôles avaient été inversés. Était-ce pour le mieux, malgré tout? L'orgueil du général en prit un coup, mais il accepta malgré tout l'aide d'Emma sans broncher.

Et puis c'était bien vrai. Quelle riposte médiocre. L'homme ivre avait répondu spontanément, la première chose qui lui avait passé par la tête. Forcément, que c'était de la merde. Normalement, le blond aurait répondu mieux!

Au moins, il espérait que le lendemain, il ne se souvienne plus de rien. Akemi voulait du plus profond de son âme que demain, il n'ait souvenir de rien de cette soirée. Comme à chaque soir, en fait. Il ne devait plus rien rester de cette nuit. Pas même le gouffre ou encore la serviabilité d'Emma, lorsqu'elle lui avait tendu la main. Rien du tout. Une journée pour lui, ça devait se commencer dès qu'il commençait le travail et se terminer dès que son service se terminait. Le reste, il ne devait jamais s'en souvenir. Ce ne devait être que néant.

Malgré tout, il sentait réellement le besoin de s'excuser auprès d'Emma. L'ivresse l'avait fait voir flou, l'ivrogne avait fait n'importe quoi, sans penser aux répercussions qu'allaient en résulter de ses gestes. Autant pour lui que pour sa soldate. Non, parce que le haut-gradé n'avait pas pensé une seule seconde à celle qui allait subir cela. Même en étant sobre, ce dernier n'y aurait probablement même pas pensé, de toute façon. Pour lui, il fallait s'occuper de son propre bonheur avant de s'atteler à la tâche pour celui des autres. Cela ne lui empêchait cependant pas de pouvoir ressentir des regrets, lorsqu'il avait agit pour son propre bien-être, au détriment de celui des autres.

—J'ai pas b'soin d'aide...

Il n'allait certainement pas le lui dire tout de suite, par contre. Plus tard, plus tard comme quand cela ne le ferait pas passer pour un faible. Akemi allait le lui dire certainement, mais pas maintenant. Si cela pouvait au moins rincer un peu sa conscience tachée de ses innombrables péchés, après tout!

Finalement, les excuses arrivèrent plus tôt que prévu. Une ridicule petite pause avait suffit.

—J'suis désolé.

Concis et concret. Sans même tenter de s'expliquer plus, le général la laissa là et se rendit à sa chambre. Saoul comme il l'était, il eut un peu de mal à s'y rendre, mais le saoulon réussit malgré tout.